Salut les cocos! Donc voilà Némésis à proposé aux membres du forum Des Maux et Des Mots le défi qu'elle a du relever comme travail d'écriture. Vous pouvez retrouvez le contexte, ICI .
Retrouvez là sur son blog, là.

Tourne, vole, tourbillonne.
J'ai toujours adoré l'automne. Marcher dans les feuilles mortes, donner un grand coup de pied dedans pour qu'elles s'envolent. Il me regardait sans cesse quand je faisais mon petit numéro, il s'asseyait sur le banc en fumant sa cigarette et il riait.
Tourne, vole, tourbillonne.
« Tu ne peux plus continuer comme ça, il faut que tu t'en remettes, ça fait déjà trois mois Jane, trois mois tu m'entends. »
Je n'avais même pas la force de relever les yeux pour la regarder. Ma meilleure amie venait de me sortir de ma rêverie. C'était toujours le même discours, ma mère, mon petit frère et même ma voisine, ils avaient tous dit la même chose. Ils m'avaient donné une longue liste de conseils, mais ce qu'ils ne comprenaient pas c'est que je ne voulais pas passer à autre chose, ni aller de l'avant. S'il vous plait, laissez-moi tranquille
Il fallait que je parte d'ici, tout de suite. Je ne pouvais plus tenir. J'étouffais dans l'atmosphère insupportable de ce petit café. Je le revoyais me réchauffer les mains dans les poches de son blouson quand nous étions venus nous réfugier ici. C'était il y a presque deux ans, on était venu visiter notre nouvelle université, mais il faisait vraiment trop froid ce jour-là. J'aime la couleur de tes joues en hiver. C'était insupportable.
Je devais faire un passage obligatoire par la FAC mais rien que l'idée me donnait envie de m'écrouler par terre. Nous nous étions embrassés dans chaque recoin, sur chaque banc, devant la porte de chaque salle...
Les gens savaient, soit ils me regardaient avec pitié, soit ils me traitaient de folle. La fille qui n'arrivait pas à passer à autre chose. J'entendais même sa voix dire en riant au creux de mon oreille Tu vois bien que tout le monde te regarde, essaye d'être un peu plus présentable. Je leur en voulais tous, je les détestais. Ma seule échappatoire : m'enfermer dans les toilettes. Les deux filles présentes partirent en riant. Regarde sa tête, on dirait qu'on vient de la déterrer. Elles avaient raison, l'image que me renvoyait le miroir était pitoyable. Mais plus rien n'avait d'importance. Tu devrais faire un effort, rencontrer quelqu'un. Taisez-vous, je vous en supplie. Vous ne comprenez pas. Personne ne peut comprendre. Pourquoi m'avait-il abandonné ? Est-ce qu'au moins il pensait encore à moi ? Tout allait pourtant si bien avant ... Je n'arrivais pas à comprendre et à force de me torturer l'esprit je n'arrivais même plus à penser.
Tourne, vole, tourbillonne.
« Mon ange, tout le monde te regarde, disait-il en riant »
Mais moi je m'en fichais, je me sentais invincible et libre de tout faire. Je lui sautai au coup pour l'embrasser. Il plongea ses yeux bleus dans les miens. Son regard me rappelait l'océan. Il me fit tourner dans les feuilles devant l'expression amusée des passants. Le bonheur d'être jeunes et amoureux.
Tourne, vole, tourbillonne.
Je rentrai dans cet appartement, je n'avais rien touché depuis qu'il était parti. Malgré l'insistance de ma mère, j'avais refusé de retourner vivre chez mes parents. C'était notre cocon, nous l'avions choisis ensemble. Je jetai un coup d'½il à la porte de la deuxième chambre. Pour plus tard, si on décide d'avoir un bébé.
Je m'étalai sur le grand lit, j'avais été obligée de laver les draps, son odeur était partie. Sa mère était venue récupérer ses affaires, il n'y avait plus aucune trace de son passage ici mis à part son t-shirt qu'il mettait pour dormir. Je le serrai fort contre moi.
Tourne, vole, tourbillonne.
L'automne, les feuilles mortes, les couleurs orange, la douceur du vent qui caressait mon visage.
« Embrasse-moi mon ange »
Je lui sautai dans les bras et lui déposai un baiser sur les lèvres. Il me regarda tourner encore pendant une minute, tout était parfait. Je fermai les yeux en attendant qu'il m'embrasse. Il ne le fit pas. Quand je rouvris mes paupières, il avait mis un genou à terre.
« Jane, mon amour, je sais que je t'aimerai pour l'éternité. Je n'ai pas de vraie bague, mais je t'en ai fabriqué une au réglisse. Est-ce que dans un futur plus ou moins proche tu me feras l'honneur d'être ma femme ? »
Tourne, vole, tourbillonne.
Je serrai le t-shirt contre mon c½ur quand j'entendis une clef tourner dans la serrure de la porte. Je le savais.
« Mon ange, où es-tu ? »
En entendant cette phrase, je m'écroulai sur mon lit. J'avais totalement oublié que j'avais donné un double à ma mère.
« Jane, ce n'est plus possible, relève-toi, habille-toi, fais quelque chose.
- Tu as raison, je vais aller lui parler. »
Ma mère leva les yeux au ciel. Il fallait que je me prépare, c'était le moment, je n'avais pas eu le courage d'aller le voir depuis qu'il était parti. Je mis ma robe à fleurs, c'était sa préférée et je me maquillai, légèrement mais assez pour cacher toute ma souffrance.
Il fallait que je passe au magasin de bonbons, j'allais lui faire une demande en réglisse. Pendant tout le trajet en bus, je fabriquai la bague parfaite. Une fois arrivée à l'arrêt, je courus, je savais exactement où le trouver.
« Ecoute, je t'aime, de tout mon c½ur, je serais prête à tout pour que tu reviennes, sans toi je me sens comme morte à l'intérieur. Je t'en supplie, reviens à la maison, ma vie n'a plus aucun sens. »
Et lentement je me mis à genoux et déposai ma bague en réglisse sur la pierre de marbre froid.
________________________________________________________________________________________
Copyright : Nana Ash
Je vous conseille vivement d'aller lire la nouvelle de Némésis ici.
Remerciement tout particulier à Némésis, Alena & Galica pour avoir lu mon texte et avoir corrigé les fautes, les petites incohérences et les répétitions. Et merci à toutes celles qui me lisent et me soutiennent!
J'attends vos avis. PEACE <3